Emmanuelle Seigner

J’ai eu la chance de passer quelques jours délicieux à Ibiza avec Jean François Jonvelle ou nous avons fait la couverture du ELLE ainsi que plusieurs photos.
Sa mort est un grand choc et une grande tristesse. C’était un homme charmant, drôle et d’une grande sincérité. Il avait une manière de vous décontracter, de vous faire devenir vous-même, et ainsi il parvenait à capter l’âme de son modèle. Il détestait les poses. C’est pour cela qu’il rendait les femmes si belles, si émouvantes et si vraies. Ces quelques jours resterons gravés dans ma mémoire à jamais.

Tina Sportolaro

Avec Jean-François le plaisir d’une photo, c’était une ambiance dans laquelle il m’installait grâce à la douceur de son regard d’esthète, aimant, tendre et observateur. A partir de cette sérénité là, tout arrivait comme un bonheur : ma spontanéité, notre connivence, le jeu de l’exhibition parfois de la provocation, nos fous rires, l’harmonie et la justesse d’un plaisir partagé.

Maud Marker

Les anges ont assurément des dessous en coton blanc, et cette idée me réjouit, puisque mon Mateur Amateur est au paradis.

André Weinfeld (ami et producteur)

J’ai demandé à un pote s’il voulait bien refermer tes yeux. C’était l’autre jour à la Clinique. Tu semblait regarder le plafond, l’éclairage cru du Néon. Vraiment pas ton genre d’ambiance – la lumière était à chier, toi qui est né en Provence et qui roupilles maintenant en face du Luberon. Pardonne moi Jonjon, mais tes yeux,ça j’ai pas pu…Car toi, ton truc, bien sur, c’était le regard ? Non pas seulement le tien mais, ce qui est plus rare, celui qu’elles portaient sur toi. Ton talent, c’était pas seulement celui de savoir les voir, les apprivoiser, les surprendre au saut du lit, les saisir en douceur et en désir, en voyeur pudique à l’affût du moment, caché derrière tes optiques et ton oxyde d’argent. Non, ton talent, c’était franchement qu’on sentait qu’elles étaient prêtes à tout te donner, à tout t’offrir. Leurs yeux disaient tout ça. Elles étaient consentantes. Chaud, chaud, le papier glacé de tes images. Et avec nous, tu partageais tes émotions, tes conquêtes. Celles que tu aimais. Ton safari du tendre. Alors un jour je t’ai fait lire la lettre de Michèle, une grande histoire d’amour à moi. Personne d’autre ne l’avait lue avant toi, et personne d’autre depuis. Mais, eh, t’étais mon meilleur pote ! Y’a qu’avec toi que je pouvais partager. On avait quoi, 25 piges ? T’as lu en silence les mots d’amour qui m’étaient adressés, les chuchotements les plus secrets, les confessions impudiques, les rêves partagés…Et puis la lettre terminée – ça vraiment je ne m’y attendais pas – il y avait trois grosses larmes qui coulaient le long de tes joues. Toi, le soi-disant séducteur. Un long silence, et toi : « j’ai jamais été aimé comme ça par une femme… ». Je t’ai regardé sans comprendre…Et tous ces visages tournés vers toi, alors ? Tous ces corps sublimes ? Ces abandons ? Tous ces clins d’œil, tous ces sourires ? Tous ces draps froissés amoureusement après de longues nuits blanches… ? C’est donc ça que tu cherchais ? L’amour, tout simplement ? Comme nous tous quoi … ? Ben, soit assuré, mon petit poussin, t’as été comme ça, et encore bien plus. Et tu sais quoi ? C’est pas prêt de s’arrêter. Y’a vraiment pas de quoi pleurer, mon pote. Celui qu’on aime, c’est toi. Et aussi celle qui t’on aimé.

Jean Jaques Naudet (journaliste)

On a tous haï Jonjon avec son physique de pâtre frêle du Luberon, il a séduit toutes les femmes qu’on aurait voulu adorer. Non seulement, il a été leur amant mais aussi leur photographe : sensuel, obsédé, romantique…Jonjon, j’espère qu’il y a des « petites pupuces » (nom insupportable que tu donnais aux femmes) là ou tu es, sinon tu es vraiment dans la merde !
Editions La Martinière

Joêl Le Berre (publicitaire)

Au revoir mon ami. La plus belle chose que tu m’as montré c’est ce qui sépare les êtres humains en deux catégories : ceux qui rient et ce qui ne rient pas, quel que soit leur sexe, leur age, leur race ou leur richesse. Il y a trente ans tu m’as ouvert la porte sur un monde magique, celui ou l’on s’amuse à dévorer la vie. Tu savais si bien faire le pitre que j’en ai encore mal au ventre d’avoir tant ri. Forcement avec autant de bonne humeur tu étais un sacré séducteur, et t’as bien fait d’en faire ton métier. Tu étais le seul à savoir faire des photos de femmes si intimes que je me suis toujours demandé ou étais le photographe. Je t’ai aussi commandé ta première photo publicitaire. C’était pour une publicité qui disait « Imaginez un peu la vie en Levi’s » D’un coté un groupe de jeunes habillés en Armée du Salut et de l’autre les mêmes habillés en Levi’s. Les visages étaient nets et les pieds flous. Evidemment nous avons du reshooter. Pas grave, on s’était bien amusé. Tu m’a donné à jamais l’envie de rire chaque jour qui passe et de me coucher en pensant « quelle bonne journée ».

Brigitte Richard (son avocat et amie)

Je vous toujours connu fort ennemi du concret. Nous en parlions souvent, tôt le matin, et quand je grondais, vous rigoliez. On refaisait le monde, et on parlait des dossiers au détour de la conversation. Vos dossiers sont sur mon bureau, vos portraits tapissent mes murs. C’est votre photo, appareil à la main, qui m’accueille tous les matins. Je faisais encadrer les photos à procès, et je les accrochais dans un coin du cabinet qu’on appelait l’enfer. Vous le visitiez de temps en temps, ça vous faisait rire. Je n’ai pas déprogrammé mon téléphone. J’ai gardé l’habitude de toutes ces années. Le matin je vous appelle. Sur votre portable, votre voix continue de me demander un message et me dit « à tout bientôt ». Vous m’aviez promis un repas de folie en cas de succès de vos deux dernières affaires. Elles sont gagnées, et vous ne le savez pas. Un jour, le moment venu, je vous apporterai moi-même la bonne nouvelle, et nous exécuterons gaiement cette promesse dans un monde meilleur.

Alain Glasberg (un ami)

Ami depuis 45 ans, mon père Georges, photographe, qui a aujourd’hui 88 ans lui a ouvert la voie de la photographie, c’était durant des vacances de Pâques dans ces années 60 alors que nous écoutions « Salut les copains ». Et les vacances suivantes, nous partîmes comme assistants de mon père sur un livre qu’il illustrait intitulé « Sur les traces d’Hercule ». et puis une longue histoire, j’ai filmé Jean-François lorsqu’il est venu à Arles animer un stage durant les rencontres photos, à son exposition qu’il fait à Cavaillon, la ville de sa naissance. Je ne sais pourquoi je vous écris ce fragment de notre amitié, peut-être pour hurler sur l’injustice de la perte de mon ami qui fut l’ami des femmes, du charme, du bonheur de vivre.

Youri Zakovitch (son assistant)

Jean-François Jonvelle s’en est allé vite,très vite, comme il aimait faire ses photos. Autour de Jean-François il n’y avait jamais des tonnes d’accessoires, d’assistants, ni de fastes quelconques. C’est quelqu’un qui pouvait travailler seul, avec ses deux boîtiers, sans lumière ni équipe. Il allait lui-même remettre une mèche ou bouger un vêtement. Il en profitait pour parler à la personne, la mettre à l’aise, la faire rire. Tout était bon pour détendre l’atmosphère et essayer de réaliser ses images dans une vraie intimité. En pub ou rédactionnel, je travaillais toujours avec lui et il prenait toujours un assistant, mais pour réaliser ses images dites « perso » il aimait être seul. Il ne faisait jamais attendre les gens qu’il photographiait, c’est lui qui se dépêchait pour saisir l’instant, la petite flamme avant qu’elle ne disparaisse. Ce n’était pas un fou de technique, qui pourtant prenait soin d’exposer parfaitement ses négatifs sans aller plus loin, mais un homme instinctif qui privilégiait le moment, le petit geste dans un cadrage qu’il maîtrisait parfaitement. Si ses photos ont pour la plupart d’entre elles cette vie et cette légèreté, c’est parce qu’il se rendait en quelque sorte « esclave » des personnes qu’il photographiait. Il avait bien une idée de ce qu’il voulait faire mais laissait toujours aux gens une grande liberté. A la différence de beaucoup de photographe qui utilisent les personnes comme modèle pour réaliser une image qu’ils ont en tête, Jean-François les laissait créer la vie dans un univers qu’il mettait en scène. Jean-françois n’a jamais eu de montre, n’a jamais eu de voiture ni de paire de Nike ni de studio photo, juste deux boîtiers et du temps à passer avec celles qu’il aimait photographier. Il me manquera mais m’a laissé en cadeau ce joli désir d’aller encore plus loin vers les autres.

Guy le Baube (photographe)

Lettre ouverte à Jean-François Jonvelle. Quand Eric Colmet-Daage m’a demandé d’écrire quelques lignes sur toi. Je me suis tout de suite senti restreint par l’ampleur de tout ce qu’il y aurait à dire sur ton travail bien sur, mais d’autres l’on déjà fait si bien ; c’est sur toi que ce qu’il me reste à dire se fait plus tendre, plus délicat et plus incertain. J’ai maintenant à l’esprit l’image si familière de ta tête de bichon frisé, toujours joyeux, de ton petit museau d’ourson fragile prêt à bondir comme un diable hors de sa boite à surprise, avec ta bouche en cœur, j’entends encore le timbre si caractéristique de ta voix qui fait penser à un Depardieu qui bégaye, comme l’écho de ton trop fameux : « mouille tes lèvres bibiche » qui me revient. A toi qui a su nous confier sans esbroufe a travers tes photos « ces créatures » démaquillées, « ces petites choses » dans leur parure, plus qu’authentique, à toi qui as su, sans ambiguïtés et en toute simplicité, si bien les faire vibrer ces « pupuces ». Tu as traversé ton existence sans avoir passé ton permis de conduire, avec un paquet de Gitanes dans une main et de l’autre tenant ta loupe vissée à cet œil si vif, à faire le choix de ta dernière prise de vue, rempli de la tendresse des femmes. Le Dieu de la photographie et les métastases en ont décidé autrement. A tout bientôt mon Jonjon.

Monique Kouznetzoff (Directrice de l’agence H&K)

Il était tellement joyeux, Jean-François. Un adolescent qui avait des rides, avec toujours autant d’enthousiasme. Enthousiasme sue les projets, l’envie de photographier des femmes, toutes les femmes. « J’adore les rendre plus belles ». Il les trouvait toutes belles, les petites, les grandes, les rondes, les pas terribles, les jolies. Son regard de photographe embellissait cette réalité, et sur la cartoline, il avait réussi à reporter ce sentiment. Ce qui fait des photos de Jean François Jonvelle, des moments de vie indémodables et inoubliables.

Bruno Suter (publicitaire)

Jean-François était unique dans la vie et dans le travail. Il faisait son métier avec beaucoup de sensibilité. J’adorais chez lui le coté personnel et naturel de ses photographies. Il nous manque déjà.

Frederic Beigbeder (journaliste, écrivain et ami)

Belles pour toujours. Jean-François Jonvelle a été cueilli par la mort aussi instantanément que les photographies qu’il prenait. Il n’a dédié sa vie qu’aux moments voles ; la mort l’a imité, l’emportant sur le vif. Une tumeur décelée début Janvier, un adieu quinze jours après. Une disparition soudaine comme un flash. Je feuillette le dernier livre de mon ami et je vois flou. Mes larmes font ressembler le travail de Jonvelle à du David Hamilton !
Selon la formule consacrée, on dit de Jonvelle qu’il faisait du « sexy sans être vulgaire ». Je lui emprunterais plutôt sa propre définition : « la poésie du quotidien », voila ce qu’il traquait. La photo fige des instants de vérité, il suffit de choisir les plus jolis. « je me dis que le présent et le futur n’existent pas » disait-il aussi. « Chacun crée tous les jours son passé ». Ce qui rendait ses images plus sexy que les autres, c’est leur fragilité. Jonvelle m’a appris une choses très importante : en photo comme en littérature, l’essentiel c’est l’émotion. Or l’érotisme n’est pas l’ennemi de la tendresse. On peut bander pour un bras duveteux, une nuque fragile, un petit pied fin, un dos rond sous les draps, des cheveux mouillés, des paupières fermées, et la trace d’un baiser dans le cou. Les femmes de Jonvelle sont fraîches parce qu’elles ne savent pas que nous les regardons. Jonvelle fait de nous des voyeurs amoureux. Il montre pourquoi il est si douloureux d’être hétérosexuel : partout, dans chaque maison, dans n’importe qu’elle salle de bain, se cache le paradis. Le paradis retire délicatement son tee-shirt , et se brosse les dents torse nu, les fesses cambrées en arrière. Jonvelle est désormais au paradis mais pour lui cela ne fait aucune différence : il y était déjà de son vivant. En admirant comme toujours ses clichés sans clichetons , je pense à toutes ces sublimes beautés qu’il a immortalisées. La photo fige le fugace, éternise l’éphémère. Un jour toutes ces belles filles seront vieilles et moches, mais grâce à Jonvelle qui est mort, elles ne mourront jamais. Je me souviens d’un film américain qui s’intitulait « belles à mourir ». L’œuvre de Jean-François Jonvelle pourrait porter un autre titre : « belles pour toujours ».

Maryline Bellieud-Vigouroux (directrice du musée de la mode à Marseille)

Il prenait un plaisir fou et sans cesse renouvelé à dévoiler avec une infinie tendresse le naturel et parfois la fragilité de celles et de ceux qu’il photographiait. Je n’oublierais jamais sa silhouette d’éternel adolescent – blouson, jean, baskets – ses fous rires, et ses messages « Marylou, c’est Jonjon… ».

André Carara (photographe)

Jean-François avait su garder un regard d’adolescent sur la photographie , ce qui donnait à ses images une constante fraîcheur.

Albane Navizet (photographe)

Mon cher Jean-François, c’est de ta faute si je suis devenue photographe. Les années passées à poser pour toi furent si remplies d’aventure, de joie et de liberté. On se disait : « et si on allait au Pérou… ». Comme des enfants qui jouent, on téléphonait aux magasines : Le NOVA anglais, le 20 ANS français, le STERN allemand…Les rédactrices de mode nous confiaient deux valises de fringues. Et toi et moi, on partait faire des pages de mode, tous seuls…On trouvait ça normal. Par exemple, on voulait faire une mode Gitane. On allait voir les Gitans en Camargue. On avait apporté en cadeau, deux cents clinquantes cotes d’agneaux. Ils nous on fait une fiesta qui a duré la nuit. Et les jours suivants, pleins d’inspiration, on inventait huit pages de mode, indémodables. Tout ce que tu as fait est indémodable. Te rends tu compte que tu as révolutionné l’image de la femme ? Quand tu es arrivé dans le métier, le modèles du jour posaient bardées de faux cils, les genoux joints, pointe du pied délicatement sur le coté, la bouche en cul de poule. Et ton regard amoureux avait tout compris avant tout le monde. Tu les as démaquillées, tu as mouillé leurs cheveux trop apprêtés, tu leur as rendu leur vraie beauté. Ton secret pour qu’elles soient plus vraies, plus belles,plus libres, plus abandonnées, était tout simple : tu les faisait rire. Toutes les plus belles filles du monde voulaient travailler avec toi. C’est grâce à toi, qu’a mon tour photographe, j’ai su que la beauté, pour s’exprimer, a besoin de liberté. Merci mon cher Jean-François. Adieu mon ami.

Serge Moatti (son ami)

A ses amis, il savait donner son cœur. Dans ses photos, il savait mettre son âme. Sous son regard, les hommes se sentaient plus courageux, les femmes plus belles. Un photographe de génie nous a quittés, Jean-François, nous te pleurons tous.

Alain Pancrazi

Lors d’une soirée complice, Jean-françois m’a confié un secret. Lorsqu’il partira pour le grand voyage, il en profitera pour compter les étoiles. Et quand il les aura toutes comptées, il reviendra parmi nous. Dépêche toi, Jean-François, on t’attend.

Didier Poupard (son agent)

Lorsqu’il y a deux ans, Jean-François Jonvelle entra dans mon bureau, je connaissais l’artiste mais c’est l’homme que je découvris au fil des jours. Son extrême gentillesse, sa grande disponibilité et son charme en faisaient un interlocuteur idéal. Aussi son absence s’en ressent-elle d’autant plus, maintenant qu’il n’est plus la.

Pascal Briard (directeur du marketing chez Canon)

La passion de l’image avait déclenché notre rencontre un jour de l’année 1991. par la suite, la fidélité, la générosité et la simplicité qui caractérisaient la personnalité de Jean-François n’avaient jamais cesse de consolider les fondations d’une très profonde amitié. Si Jean-François était « fou d’elles », j’appartenais pour ma part à la grande famille de ceux qui étaient « fous » de l’homme et de son immense talent. Il me manque terriblement…

Patrick Demarchelier

Jonvelle, c’est mes débuts de photographe, et j’y pense toujours avec plaisir. C’était notre jardin (des modes) à nous avec tout ce que ça comporte comme souvenirs délectables et indélébiles, bien plus forts que la mort. C’était un photographe de talent

Catherine Bergaud (une amie)

Cher Jean-François. En apprenant ta disparition, ma première réaction a été la stupeur. Rien dans nos dernières conversations ne laissait transparaître quoique ce soit. Tu es parti si vite. Toi aussi, tu nous abandonnes prématurément. Une immense tristesse m’a envahie, un peu de rage également : tu n’avais pas le droit de nous quitter. Je suis sur que ton ami jacques Bergaud t’engueulerait – à moins qu’il ne le fasse, d’ailleurs, puisqu’il est déjà là-haut ? Ici bas, je vais le faire à sa place (comme tu le sais, nous avions pris l’habitude de parler d’une seule voix). Jacques et moi avons toujours salué ton talent, bien sur – nous sommes innombrables à le reconnaître – mais surtout ton originalité sans pareille. Et voila que tu te mets à le copier dans ce qu’il a fait de plus con : mourir. Mourir à 58 ans, comme lui, sans même avoir pris le temps de vieillir et de cesser d’être d’irréductibles fantaisistes. Vote vie durant vous vous rendez nécessaires et, sans crier gare, vous tirez votre révérence. Nous laissant orphelins. La nuit qui a suivi cette nouvelle, mon sommeil a été agité de rêves qui me ramenaient des années en arrière – ces années ou tu habitais en face des Studio Pin-UP. La, plus de reproches, mais une infinie gratitude pour tous ces moments d’enthousiasme partagé au quotidien avec jacques. Merci pour cette émulation réciproque et ce bonheur de créer sans cesse renouvelé. Merci pour ces nuits délirantes, passées à inventer ce qui vous ferait rire le lendemain. Et tant pis pour les esprits chagrins, merci pour le joyeux bordel que vous ne manquiez jamais de mettre au restaurant « Chez Provost », ou j’officiais alors. Merci d’avoir tant apprécié le livre de Jacques. Merci pour ta tendresse maladroite. Merci d’avoir su rester le même et de nous inciter à en faire autant.

Publimod Photo (son labo)

Pour roland Binesti, Bernard Binesti, Serge Abrahami, hervé hudry, alain Frettelière et bien sur toute l’équipe de Publimod Photo, Jean-françois Jonvelle n’était pas seulement un photographe, c’était un ami, un frère. Trente –cinq ans de fidélité depuis 1967 nous ont permis de collaborer jour après jour sur tout son travail. Il n’était pas que la réalisation de « J’enlève le haut , j’enlève le bas … »,beaucoup de grandes campagnes publicitaires ont été réalisées par Jean-François, mais sa modestie, sa gentillesse, sa timidité, et surtout son exigence de la perfection et de la qualité ont bien sur soudé une amitié très forte. Jean-François, tu nous manques !

Benoit Devarrieux (coprésident de l’agence Devarrieux Villaret)

Donc,Jean-François Jonvelle est mort. On a parlé de « Myriam » pour situer son travail, je pense que son œuvre mérite d’être évoquée à travers des exemples plus pertinents. Par exemple, des campagnes pour Huit en collaboration avec Gérard Jean ou Levi’s pour CLM. Michel Guerrin, dans son article nécrologique du Monde, évoquait l’image de ringard, que selon lui, Jonvelle avait dans certains milieux ; j’imagine que la publicité en faisait partie. C’est assez courageux de ne pas évacuer ce mot, qui est probablement à l’origine de la discrétion avec laquelle notre très moderne presse professionnelle a salué la mort de Jean-François. On a trop facilement résumé sa carrière de photographe à celle d’un photographe de femmes, voire de charme. Le charme étant cet univers trouble entre érotisme un peu culpabilisé et une complaisance longtemps surannée qui ne sont pas exactement des qualificatifs pour cette modernité qui est la notre. L’amitié est toujours coupable quand elle doit juger un travail, et je me bornerai à citer une anecdote qui a été l’une des dernières vraies gratifications de Jonvelle. En 1998, Stanley Kubrick préparait ce qui devait être son dernier film « Eyes Wide Shut » - et se posait des questions sur la façon la plus vraie de filmer des femmes. Etant tombé sur un livre de Jonvelle, il lui avait demandé de venir à Los Angeles avec des photos pour s’en entretenir avec lui. D’ailleurs, un plan dans la salle de bains des héros du film, avec Nicole Kidman sur la cuvette des toilettes, est directement inspiré d’une des photos de Jean-François avec Tina, je crois. Il ne suffit pas d’être un photographe de charme pour shooter une femme sur la cuvette des « chiottes » et faire une photo pleine de tendresse. Il faut être « un photographe de cul » et, surtout, un vrai photographe.

Chantal Thomas (créatrice de mode)

Notre 1ère rencontre date de 1982. Près de 20 ans. Nous avions fait ensemble le 1er carton d’invitation du défilé imaginé par Benoit Devarrieux, un flip book strip-tease d’Anne Rohart qui se terminait en lingerie évidemment. Puis régulièrement, nous avons travaillé ensemble : pub collant, catalogues, reportages, etc. Nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Je me souviens d’un déjeuner très gai l’été dernier à l’Ile-sur-Sorgue. J’ai toujours admiré ton amour des femmes et ton talent à les mettre en valeur, tout en gardant leur naturel et leur fragilité. Les prises de vues avec toi étaient un bonheur, tu nous manques.

Sarah Moon (photographe)

En guise d’Adieu, Jean-François parce qu’aujourd’hui Photo me demande quelques lignes sur toi et que ta mort me ramène soudain plus de 30 ans en arrière dans une autre vie. Nous avions 20 ans, tu terminais ton service militaire quand tu nous as rencontrés Gilbert et moi et que nous sommes devenus amis. Oui, je me souviens de ce temps-là, de nos échappées belles, de notre insouciance, de nos rires et de nos randonnées… Je me souviens que tu étais toujours amoureux et que tu photographiais tout le temps, sans jamais utiliser de cellule parce que « la lumière, je la sens » disais-tu, et , en joignant le geste à la parole, tu clignais des yeux et claquais les doigts. Oui, c’est ça dans mon souvenir intact tu étais, tu es resté « l’amoureux photographe », et tu riais de tout et de toi aussi. Bien sur, on s’est perdu, on s’est retrouvé, on s’est connu, on s’est reconnu, comme dit la chanson, le temps d’un ou deux cafés, juste le temps de se souvenir, en passant…Tu n’avais pas beaucoup changé. Il parait que tu es parti de la même manière que je te connaissais, sur la pointe des pieds, sans avoir l’air d’y toucher. Je l’ai lu dans le journal. C’est vraiment dommage. Je t’embrasse, Jean-François.

Jean Lariviere (photographe)

Année terrible pour nous, de ne plus croiser à Publimod Edouard Boubat si drôle et si charmant. De même plus de boutade de Jeanloup Sieff ! Plus les yeux plein de malice de Roger Pic ! Plus d’incroyable présence de Jacques Bergaud ! Toi maintenant Jonjon ! Ce n’est pas possible ! Mais tous vous aviez une telle présence que vous êtes avec nous à nos cotés pour toujours…J’avais été pris à parti plusieurs fois dans les labos, et d’autres lieux, par des personnes qui me parlaient de choses que j’avais du mal à saisir : ils me prenaient pour Jonvelle. D’ailleurs, je ne les contredisais pas. J’avais raconté ces anecdotes à Jean-François, il me confia qu’il avait eu les mêmes aventures de son coté. Nous avions même décidé de jouer le jeu, le jour ou les agences nous contacteraient. Chacun aurait été voir le client de l’autre et serait allé jusqu’à la réalisation des photos. Nous nous réjouissions d’avance des quiproquos engendrés ; hélas nous ne pourrons plus jamais le faire, Jean-François, ne sois pas triste, tu seras toujours à coté de nous.

Dominique Issermann (photographe photographiée)

Dominique Issermann : « Jean-François, qu’est ce que je fais ?, je garde mon manteau ? »
Jean-François Jonvelle : « Oui, le manteau noir, ca va,mais je ne peux shooter que si je sais que t’as rien en dessous. »
Dominique Issermann : « Quoi ? rien en dessous, rien ? j’enleve tout. »
Jean-François Jonvelle : « Oui,c’est ca, rien, rien que le manteau. »

Jean Widmer (directeur artistique du « Jardin des modes » de 1961 à 1969)

Jean-François Jonvelle a débuté au journal du « Jardin des modes » dans les années 60-70, comme ce fut le cas à d’autres périodes, de photographes remarquables tels que Franck Horvat, Jeanloup Sieff, Helmut Newton et beaucoup d’autres. En tant que directeur artistique de ce journal, j’ai senti en lui une fidèle amitié, un vent de fraîcheur et d’enthousiasme. Il abordait les sujets avec beaucoup de sensibilité et son dialogue avec les mannequins était truffé d’astuces et d’humour. Parallèlement, dans la pratique du journal, il était à l’écoute d la mise en page et intéressé à des concepts modernistes du photo-graphisme, au traité de montages, à la prise de vue et aux collages d’images rythmés du Pop’art. Ses images étonnantes m’ont laissé le sentiment d’un être généreux, passionné de son métier.
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